HISTORIQUE DE SAULX-MARCHAIS ET ENVIRONS

Avertissement :

Cet historique est la copie exacte de ce que M. Marcel LEMOINE (maire du village de 1944 à 1976) a fait figurer dans la monographie de Saulx-Marchais parue en juin 1979.

 

Depuis les temps les plus reculés, notre région a été habitée. La riche forêt qui la recouvrait, assurait la protection et la subsistance des populations préhistoriques, qui vivaient chez nous. L’eau indispensable, était fournie par de petites mais nombreuses sources qui ne tarissent jamais, même maintenant sous un climat qui devient de plus en plus sec.

 

On trouve un peu partout des témoins de l'Age de Pierre, mais surtout sur les coteaux entre Thoiry et la Vallée de la Mauldre à l'est où il existe de nombreuses « stations » - endroits de quelques hectares où les trouvailles sont particulièrement nombreuses et qui devaient être comme des villages en ce temps-là.

 

Ce qu'il y a de remarquable, c'est qu'en une même station on trouve des objets de tous les âges de paléolithique (pierre taillée), du néolithique (pierre polie) avec les types intermédiaires, ce qui implique le fait qu'il s'agissait de peuples sédentaires, ou que les mêmes endroits ont été habités successivement par diverses tribus.

D'ailleurs on a trouvé l'emplacement d'ateliers de fabrication : 2 à Thoiry à la fin du siècle dernier, et 1 à Marcq au début de celui-ci en limite du territoire de Thoiry.  Ce dernier surtout. était caractéristique par la grande quantité d'éclats et d'ébauches accumulés.  Etant situés dans un bois, ils n'avaient pas été dispersés par la charrue comme ceux de Thoiry, ou ceux que l'on peut supposer avoir existé à Auteuil.

 

Si à Saulx-Marchais peu de personnes se sont intéressées à la recherche de ces témoins du passé, des milliers d'exemplaires étaient rassemblés dans les collections des amateurs d'Auteuil, Autouillet,  Marcq et Thoiry.

Ces pièces surtout en silex de diverses teintes comprennent : des amandes de Chelles, des massues, des haches, des pointes de flèches et de lances, des grattoirs et une quantité d'outils divers.  Certains de ces objets ont été exécutés par de véritables artistes.  On trouve aussi disséminés un peu partout, quelques exemplaires de haches en ce que Monsieur LORIEUX, instituteur à Auteuil, à la fin du siècle dernier appelait de la Jadéite.  J'en possède une, trouvée par un laboureur, il y a une quinzaine d'années et qui est d'un fini extraordinaire.

 

Il y a quelques années, un explorateur qui était venu au magazine de Pierre SABBAG a trouvé en partant d'une vieille légende, dans le désert du sud du Pakistan et de l'Afghanistan, sur des tertres isolés hauts d'une cinquantaine de mètres, laissés par l'érosion, et presque inaccessibles, des ateliers très importants de taille d'outils.  Dans les échantillons qu'il en avait rapportés, figuraient des haches absolument semblables à celle qui est en ma possession.  C'est une preuve de plus de l'origine des invasions préhistoriques de notre pays.

 

De l'Age du Bronze il n'y a pas de traces, du moins à ma connaissance sauf à Chatron près de Neauphle où on a trouvé plusieurs haches, sous un vieux chêne.

Plus près de nous, si les Gaulois n'ont pas laissé d'objets typiques, par contre la période Gallo-romaine est bien représentée.

 

Une grande voie romaine qui probablement reliait Orléans à Beauvais traversait notre région, passant en bordure de notre territoire, de Saint-Léger où l'on voit la célèbre fontaine couverte.  Elle passait par Monfort, la Bardelle, Auteuil, Marcq et la Croix Fédeline, près d'Andelu.  Elle a été retrouvée entre Bardelle et Auteuil par Robert MATHIEU un archéologue parisien près du G.C. 76, à l'emplacement d'un chemin rural aujourd'hui disparu.  A Marcq le chemin rural qui va à la Croix Fédeline suit son tracé.

 

A Auteuil, lieu dit les Graviers, en bordure de cette route on a trouvé de nombreux débris de poteries et de tuiles, dont une entière, des monnaies aux effigies des empereurs romains ainsi que les fondations d'une vaste construction paraissant dater de cette époque.

 

J'ignore si l'ancienne Fontaine Couverte du Gros Chêne, à Saulx Marchais. est de la même époque, des fouilles permettraient peut-être de le savoir.

 

De la période Mérovingienne ou Carolingienne, nous n'avons aucune trace à part des tombes, des objets funéraires.

 

Lors de la construction de la ligne de Plaisir à Epône, en 1899, à une centaine de mètres de la gare de Beynes, on a trouvé plusieurs sarcophages en pierre, datant de cette époque : ils sont au musée de Saint-Germain. A Saulx-Marchais on a trouvé également une tombe en pierre, d'époque indéterminée, qui malheureusement a été détruite.

 

A Vicq existait une vaste nécropole, s'étendant sur au moins un hectare autour de l'église actuelle.  Elle a été utilisée pendant une longue période, ainsi que l'ont révélée des trouvailles particulières et des fouilles exécutées par la Société Archéologique de Rambouillet en 1851.

On y a trouvé plusieurs sarcophages en pierre, disséminés sans ordre, mais aussi beaucoup de sépultures en plâtre ou à même le sol (sans doute en bois à l'origine) en rangées régulières.

On ne possède aucun renseignement sur ce cimetière, hors de proportion avec l'importance de Vicq, qui selon toute vraisemblance, n'a pas toujours été qu'un petit village, la seule explication plausible, est l'existence d'une église ou chapelle, à une époque où il n'y en avait pas encore dans la région.  D'ailleurs, l'église actuelle est très ancienne, et on peut y voir une vierge à l'enfant, en bois, qui lui est sans doute antérieure.

 

Jusqu'aux environs de l'an mil, si l'on sait que de nombreuses populations vivaient dans notre région, il n'y a pas de preuves certaines de l'existence, et de l'emplacement des villages.  Les quelques noms qui nous sont parvenus, pouvant désigner aussi bien des villas ou fermes fortifiées, que de véritables agglomérations.

Avec l'époque féodale, les paroisses se forment autour des châteaux forts, et peu à peu, prennent leur physionomie actuelle.

Suivant la fortune de leurs protecteurs, celles-ci qui deviendront communes, subissent des modifications importantes, comme Auteuil, se déplacent, comme Saulx-Marchais, ou disparaissent comme Saint-Aubin.  Dans notre région, le monastère de Neauphle-le-Vieux, fondé en 1045, transformé en abbaye des Bénédictins en 1079 et doté par la comtesse de Montfort, dame d'Epernon, parait avoir joué un grand rôle dans l'origine de plusieurs paroisses.

La légende prétend qu'elle était reliée à presque tous les châteaux forts de la région par des souterrains, dont l'entrée était située dans la crypte de l'église.

 

Ce qu'il y a de certain, c'est que le sous-sol de Neauphle-le-Vieux est sillonné de souterrains et que de temps à autre des éboulements se produisent dans les environs, sur leurs tracés supposés et que du château de Beynes partait un souterrain se dirigeant vers le Sud à peu près sous la Grande Rue.  Vers 1885-1890, mon père l'a exploré sur plusieurs centaines de mètres.

 

Vers la même époque des maçons occupés à creuser un puits chez Monsieur HERARD, à La Bardelle sont tombés au milieu d'une rotonde haute de 3 m environ et d'où partaient 4 souterrains en direction du Nord, du Sud, de l'est et de l'Ouest.  Ceux-ci creusés dans la craie, étaient parfaitement secs, malgré la présence du marais au-dessus de celui de l'Ouest.  On peut supposer que celui de l'Est venait de Neauphle-le-Vieux en passant par Vicq et un château ou ferme fortifiée situé à proximité, dont il ne reste plus qu'un pan de mur.  A la mairie de Vicq, ancien presbytère, dans la cave, existe une porte murée, qui parait-il donnait accès à un souterrain.

 

A la ferme de l'Orme il y a, dans la cave, un escalier s'enfonçant profondément dans le sol et en partie effondré, qui devait donner accès à un souterrain venant sans doute de Beynes et se dirigeant vers Neauphle-le-Vieux en passant par le château de Vignolles, aujourd'hui détruit. Il y a une centaine d'années, un effondrement s'est produit à peu près à mi-chemin entre la ferme de l'Orme et Neauphle-le-Vieux.  En 1266 Saint-Louis fit à Neauphle-le-Vieux une visite et aurait parait-il rendu la justice sous le gros orme situé à l'entrée du presbytère, ce qui me paraît relever de la légende, car je ne pense pas qu'un orme puisse vivre 700 ans.

 

Le Bois de Beynes (dont le cinquième seulement se trouve sur le territoire de la commune) appartenait à l'origine, à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés.

Vers l'an mil, le roi Robert le Pieux le lui enleva pour le donner, partie à l'abbaye de Saint Magloire, partie au comte de Montfort.  Deux châteaux y furent construits, le château Mignon (Saulx-Marchais) à l'Ouest, et Vignolles au Sud-Ouest.  Ils servaient de défense avancée à celui de Beynes et furent détruits entre 1430 et 1440 ainsi que le village de Saulx-Marchais par les Anglais. Mais ceux-ci furent ensuite battus et décimés près de la Couperie, par la, garnison de Beynes commandée par Guillaume LESTANDARD aidé de Dunois et de Louis de Morainvilliers qui venait de perdre le château de Maule.

 

Les ruines actuelles de Beynes, sont celles du château reconstruit vers 1450 par Robert d'Estouville.

En 1546, il appartenait à Anne de Pisseleu, en 1556 à Diane de Poitiers, en 1566 à sa fille Françoise de Brézé, en 1577 à Diane de la Marck. fille de la précédente, épouse en troisième noce de Jean Babou, comte de Sagonne.

C'est cette dernière qui donna aux habitants de Rouet, la fontaine du Bas Rouet, qui vient d'être comblée, et dont les eaux alimentaient jusqu'à la fin du siècle dernier, un lavoir et les mares où l'on rouissait le chanvre, matière première du trousseau de nos grands-mères.

 

Saulx-Marchais qui s'écrivit de différentes manières : Salmarches, Saumarches, Saumarchée, Saut-Marché, a pour nom roman Samarches. Il est possible qu'il y ait relation avec Marchéum, nom latin de Marcq.  Il s'étendait autour du château Mignon et de l'église Saint-Pierre.  A certaines époques, il a dû être assez important, avec plusieurs rues. A considérer les traces encore visibles, il devait couvrir une surface presque aussi grande que le village actuel.  Sur le bord d'un chemin se dirigeant vers la fontaine couverte (détruite vers la moitié du XVIIII siècle) on voit les fondations de grands bâtiments.

Au fond du vallon, il y a une trentaine d'années des ouvriers en défrichant du bois, en ont trouvées  également de très importantes.

 

La proximité du grand chemin de Normandie à Poissy et Paris, dit chemin aux bœufs, peut expliquer cette opulence, les troupeaux se reposant à l'abri de ces murs, bien cachés dans les bois.

 

Cependant dans ces temps troublés, il a dû subir plusieurs fois des pillages ou des épidémies, car en 1262 il ne compte que 31 chefs de famille soit environ 120 à 150 habitants.

 

Du château, il ne reste rien que le tertre, entouré de fossés en partie comblés. Il y a 1 00 ans on voyait encore une cave, dans laquelle se trouvait l'entrée d'un souterrain se dirigeant vers Beynes.

 

Leur village détruit, les habitants se réfugièrent dans les fermes de la Mare et de la Petite Mare et aux greniers et pressoirs de Rouet, puis reconstruisirent leurs maisons aux alentours.  De là, l'origine de ces hameaux.

 

Il y eut également le Bas-Rouêt ou Bas-Roués, autour de la fontaine et de la chapelle, dédiée à Saint-Pierre.  Ce hameau faisait partie de Saulx-Marchais, ainsi que l'on peut le constater sur une carte de Vicq datant de 1705, dont le territoire était limité par le chemin de Garancière à Cressay, dit chemin de Paris.

Il a dû disparaître vers la moitié du XVIle siècle, sans doute à cause de la fragilité des maisons sur ce terrain argileux.  Par la suite son emplacement a été rattaché à Vicq et à Auteuil. Seule la fontaine est restée propriété de la commune.

 

Le territoire a aussi beaucoup varié avec Beynes.  En 1 230 la Basse-Pissotte ou Pissotta appartient au seigneur de Saumarches.  En 1615, une partie du fief de l'Orme dépend de Jean de Saumarchais.  Il est à noter que les seigneurs de Saulx-Marchais ont souvent été les vassaux des seigneurs de Beynes.

 

A la Révolution, la Basse-Pissotte dont il vient d'être fait mention, était un hameau important.

 

Son nom vient sans doute des nombreux petites sources qui « pissottaient » au bas du coteau et qui maintenant n'apparaissent qu'en période humide.  En fouillant le sol, on trouve partout des traces de constructions, même assez loin des hameaux actuels.  Il y avait même un poteau de justice dont l'emplacement est indiqué par une grosse borne, située dans un petit triangle planté de noyers, et qui marque la limite des territoires entre Vicq et Beynes.  En 1910, les terrassiers occupés à la construction de la route n° 6, ont trouvé à proximité de nombreux squelettes de suppliciés, dont quelques-uns d'enfants.

 

Lors des travaux d'installation d'eau en 1939, on a également trouvé des ossements en face de la fontaine.

 

Si la Basse-Pissotte est très ancienne, le hameau de la Haute-Pissotte est récent.  Sur ce coteau, il n'y avait que des fermes, la plupart sont disparues, seule subsiste, la plus importante, celle de l'Orme.

 

Un peu plus loin, au lieu dit Les Champarts, au-dessus de Cressay, il y eut également un hameau.  D'après une légende, celui-ci aurait disparu à la suite d'une épidémie de peste, emportant tous ses habitants.

 

Voici la liste de nos seigneurs dont j'ai pu retrouver les noms. D'ailleurs une partie m'a été fournie par la monographie de Saulx-Marchais écrite en 1899 par Monsieur Roussel instituteur et qui est aux archives départementales :

 

1106    Grimaldus de Salmarches fait un don au prieuré de Maule

 

1143    Robert de Salmarches est témoin dans un acte par lequel Simon de Montfort, confirme le don de la Couperie au prieuré de Saint-Martin des Champs par son père Amaury (1 105-1137)

 

1183    Guillaume de Salmarches est seigneur de ce pays

 

1194    Ernaud de Millière ayant donné à l'abbaye de Marmontiers une terre à Saumarchée, l'abbé Geoffroy, l'abandonne à la veuve et aux héritiers de Godefudus ou Geoffroy de Saumarchée.

 

1204    Le fief de Saumarchée relevait de Neauphle-le-Vieux.

 

1230    Pierre de Salmarché tient la Couperie en fief de Dreux de Raizeux

 

1234    Pétrus ou Pierre de Saimarché est vassal d'Amaury comte de Montfort, connétable de France et possède une maison à Montfort.  Dans un acte sur parchemin conservé aux archives d'Eure et Loir, Amaury concède à son fidèle Pierre de Sal marché, divers avantages en échange de son aide en cas de danger.

 

1263    Les vassaux du comte de Montfort rendent hommage à la comtesse Béatrix après la mort de son mari survenue le 22 novembre 1262.  Parmi eux se trouve Almaury de Saulmarché. Au XIIII siècle Saulmarché est paroisse du doyenné de Passy.  Le curé est nommé par l'abbé de Neauphle-le-Vieux.

 

1290    Perrot ou Pierre de Saulmarché est témoin dans une vente de biens à Auteuil

 

1296    Eudes Drouard de Saulmarché donne tous ses biens à l'abbaye de Neauphle

 

1330    Jean et Henri de Saumarches, écuyers, tiennent à Chadon près Nogent, un fief de Pierre le Bigot

 

1335    Jean de Fraville, vend à vie à Pierre le Bigot pour un fief séant à Saumarches et mouvant de celui de Chadon, une partie de maison et 19 arpents et demi de terre et bois.

 

1349    Pierre de Vitry donne en héritage une maison au seigneur de Saulmarches

 

1415    Le 20 avril Aubellet de Saulmarches, écuyer seigneur dudit lieu. adhère au traité d'Arras. Par suite de la destruction du château, les seigneurs ne paraissent plus avoir habité la paroisse à partir de 1440.

 

1553    Saumarchais fait partie du bailliage de Beynes

 

1578    Sentence du Prévot de Paris en faveur de l'abbaye de Neauphle-le-Vieux dans son procès sur la disme avec Jean Coquille (curé de Saumarchais) confirmée en 1582 par le Parlement

 

1617    Saulmarchais est taxé 52 livres par la taille.

 

1621    Droit de vendre du cidre et du vin au détail, dans la paroisse, est affermé 20 livres par an. Gautier de la Marre Saulx-Marchais est médecin chef des armées de Louis XIII

 

1643    La taille est fixée à 110 livres

 

1759    Dans une description de la généralité de Paris, Saulx-Marchais est dit avoir 72 feux et 200 communiants.  La seigneurie appartient au Comté de Maurepas.